Page:Ségur - Les vacances.djvu/313

Cette page a été validée par deux contributeurs.

accouru le premier et indigné de ce spectacle, leur a ordonné de finir ; le pauvre idiot nous a expliqué tant bien que mal ce que je viens de vous dire ; je leur ai ordonné à mon tour de laisser ce pauvre garçon. « Ah bah ! ont-ils répondu, vous êtes deux, nous sommes douze plus forts que vous, laissez-nous nous amuser ou nous vous en ferons autant. » Et l’un d’eux allait recommencer, lorsque je lui criai : « Arrête, drôle ! Pars à l’instant, ou je t’allonge un coup de pied qui te fera voler à dix pieds en l’air. » Pour toute réponse, il donne un coup à ce pauvre idiot, retombé de peur. Je saute sur ce misérable en criant : « À moi, Léon ! Joue des pieds et des mains ! » Il ne se le fait pas dire deux fois et tombe dessus comme un lion ; j’en couche un à terre, puis un second ; j’étais en train d’en travailler quelques autres quand vous nous êtes venu en aide ; sans vous nous aurions eu du mal ; mais il n’en restait que dix ; nous en serions venus à bout tout de même, n’est-ce pas, Léon ? Tu en as cogné quelques-uns et solidement ; tu as le poing et les pieds bons ! Ils te le diront bien. »

Léon, tout fier et presque étonné de son courage, ne répondit qu’en relevant la tête. M. de Rugès, s’approchant, lui prit les mains et les serra fortement. M. de Rosbourg en fit autant. À ce