Page:Ségur - Les vacances.djvu/274

Cette page a été validée par deux contributeurs.
268
LES VACANCES.

neur est sauf, dit le maréchal ; en avant les revenants. »

« — Comment M. le marquis a-t-il dormi ? » demanda l’hôtesse, qui accompagnait les domestiques du maréchal.

« — Pas mal, pas mal, ma bonne femme ; j’ai seulement été ennuyé par les esprits, qui m’ont tiraillé, turlupiné, jusqu’à ce qu’ils se soient emparés de mes draps. Voyez, ils les ont emportés ; ils n’en ont point laissé seulement un morceau.

« — C’est ma foi vrai ! s’écria la maîtresse désolée. J’avais bien dit qu’il arriverait malheur. Mes pauvres draps ! Mes plus fins, mes plus neufs encore !

« — Eh bien ! ma bonne femme, reprit le maréchal en riant, vous pourrez toujours dire avec vérité que vous m’avez mis dans de beaux draps, et pour vous faire dire plus vrai encore, au lieu de deux, je vous en rendrai dix, puisque c’est grâce à mon obstination que vous les avez perdus. Combien valaient vos draps ?

« – Quatre écus[1] monsieur le marquis, aussi vrai qu’il y a des esprits dans cette tour de malheur.

  1. Un écu valait trois francs.