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LES VACANCES.

place, il allait se recoucher lorsqu’il entendit frapper à la porte. C’était son valet de chambre qui venait l’éveiller. « Je vais ouvrir, » s’écria-t-il. Sa propre voix l’éveilla. Sa surprise fut grande de se retrouver dans son lit. Il examina ses pistolets ; ils étaient chargés et posés près de lui comme lorsqu’il s’était endormi la veille, de même que son épée. Il se sentit mal à l’aise dans son lit : il se leva. Fantôme, trésor, tout était un rêve, excepté le souvenir qu’il avait cru laisser sur la dalle et que ses draps avaient reçu. N’en pouvant croire le témoignage de ses sens, il examina le mur percé de ses deux balles : point de balles, point de traces ; il chercha la place du passage mystérieux, de la marque faite avec son épée ; il ne trouva rien. « J’ai décidément rêvé, dit-il, c’est dommage ! Le trésor aurait bien fait à ma fortune ébréchée par mes campagnes. Et que vais-je faire de mes draps ? dit-il en riant. Je mourrais de honte devant cette hôtesse… Ah ! une idée ! un bon feu fera justice de tout. Je dirai à l’hôtesse que les esprits ont emporté ses draps, et je lui en payerai dix pour la faire taire. »

« Le maréchal ralluma son feu qui brûlait encore, y jeta les draps, et n’ouvrit sa porte que lorsqu’ils furent entièrement consumés. « L’hon-