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LES VACANCES.

dire… — Dites toujours et dépêchez-vous ! — Eh bien ! monsieur, c’est que… cette chambre est dans la tour du vieux château ; elle est hantée ; nous n’osons pas la donner depuis qu’il y est arrivé des malheurs. — Quelle sottise ! allez-vous me faire accroire qu’il y vient des esprits ? — Tout juste, monsieur, et je serais bien fâchée qu’il arrivât malheur à un joli cavalier comme vous. — Ah bien ! si ce n’est pas autre chose qui m’empêche d’être logé, donnez-moi cette chambre, je ne crains pas les esprits ; et quant aux hommes, j’ai mon épée, deux pistolets, et malheur à ceux qui se présenteront chez moi sans en être priés ! — En vérité, monsieur, je n’ose… — Osez donc, parbleu, puisque je vous le demande. Voyons, en marche et lestement. » L’hôtesse alluma un bougeoir et le remit au maréchal. « Tenez, monsieur, nous n’en aurons pas trop d’un pour chacun de nous. Si vous voulez suivre le corridor, monsieur, je vous accompagnerai bien jusque-là. — Est-ce au bout du corridor ? — Oh ! pour ça non, monsieur, grâce à Dieu ! nous déserterions la maison si les esprits se trouvaient si près de nous ; vous prendrez la porte qui est au bout, vous descendrez quelques marches, vous suivrez le souterrain, vous remonterez quelques marches, vous pousserez une