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LES VACANCES.

qui le jeta par terre. Alors Paul saisit Léon par le bras et lui dit d’un ton impérieux :

« Lâche ! demande pardon toi-même, à genoux devant Jacques. »

Léon, hors de lui, voulut dégager son bras de l’étreinte de Paul, mais il ne réussit qu’à lui donner quelques coups de poing de la main qui restait libre ; ce que voyant Paul, il lui saisit les deux bras, le ploya malgré sa résistance, le mit à genoux de force devant Jacques, et, le tenant prosterné à terre, il lui répétait : « Demande pardon. » À chaque refus, il lui faisait baiser rudement la terre. À la troisième fois, Léon cria :

« Pardon, pardon ! » Paul le lâcha, lui jeta un coup d’œil méprisant. « Relève-toi, lui dit-il, et souviens-toi que si tu attaques Jacques, ou Marguerite, ou Sophie, tu recevras la même correction ; le nez à terre, le front dans la poussière. » Puis se retournant vers ses amis : « Ai-je eu tort ? dit-il. — Non, répondirent-ils tous ensemble. — Ai-je été trop rude pour lui ? — Non, répondirent-ils encore. — Merci, mes amis ; à présent, allons rejoindre mon père, je lui raconterai ce qui s’est passé. Donne-moi la main, mon pauvre Jacques, mon cher et courageux petit défenseur. — Je suis ton frère, » répondit Jacques.

Paul lui serra affectueusement la main, et il se