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LES VACANCES.

Fleurville, ses sœurs et ses frères étaient allés voir de pauvres gens dont la maison avait été brûlée quelques jours auparavant : ils voulaient la leur faire rebâtir.

« Mon père est parti sans moi, dit Paul. Chez les sauvages, il n’allait nulle part sans moi.

JEAN.

Mais nous ne sommes pas dans un pays de sauvages, Paul, et il faudra bien qu’il te quitte quelquefois.

LÉON.

D’ailleurs chez les sauvages il n’avait que toi, et ici il a sa femme et sa fille ; et on aime toujours mieux un enfant véritable qu’un enfant adoptif.

— C’est vrai, dit Paul tristement.

— Non, ce n’est pas vrai, s’écria Jacques. Ton père a dit hier, Paul, qu’il t’aimait autant que Marguerite, qu’il t’aimerait toujours autant, que tu lui avais sauvé deux fois la vie. Ce que dit Léon est un mensonge et une méchanceté.

— Menteur toi-même, répondit Léon furieux ; demande-moi pardon tout de suite, ou je te rosse d’importance.

JACQUES.

Non, je ne te demanderai pas pardon, quand tu devrais me tuer. »

Avant qu’on eût eu le temps de l’en empêcher, Léon donna au pauvre Jacques un coup de poing