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LES VACANCES

coups. Après une longue délibération des hommes, le roi fit comprendre par signes à mon père que chaque hutte étant pleine, on lui en bâtirait une quand le soleil se lèverait une autre fois, c’est-à-dire le lendemain et qu’en attendant il nous donnerait sa propre hutte et coucherait lui-même dans celle d’un chef ami qui était en visite pour quelques jours. Ensuite, il coupa avec ses dents le milieu du lien qui l’attachait à mon père, délia le bout qui tenait au bras de mon père, le baisa et se l’attacha au cou ; mon père, à la grande joie du chef, fit de même pour l’autre bout. Les petits sauvages firent la même chose pour nos liens à nous, et j’imitai mon père en dénouant, baisant et attachant à mon cou les bouts noués à leurs bras. Je ne fus pas fâché de me sentir libre. « Paul, me dit mon père, tu peux sans danger rester avec tes amis ; moi je vais avec le Normand couper du bois pour bâtir notre hutte. Je ne veux pas me faire servir par ces braves gens comme si j’étais une femme. Viens, mon Normand ; viens leur faire voir ce que peuvent faire nos haches au bout de nos bras. »

M. DE ROSBOURG.

Et voyez tout ce que peut faire l’éloquence de Paul. L’heure du coucher est passée depuis longtemps, et Marguerite a encore les yeux ouverts