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LES VACANCES

regarda, me toucha, puis il me prit dans ses bras, me toucha l’oreille de son oreille, me remit à terre et dit quelques mots à un sauvage. Celui-ci disparut et revint promptement, lui apportant deux petites lianes. Le roi en prit une qu’il noua légèrement au bras d’un des petits garçons ; il en fit autant à l’autre, puis il attacha les bouts opposés à mes bras, à moi, de manière que je me trouvai attaché à chacun des petits sauvages par le bras. Ils semblaient enchantés, ils faisaient des gambades et des cris de joie qui me faisaient rire comme eux ; je sautai aussi pour leur tenir compagnie et je me mis à chanter à tue-tête :

Te souviens-tu, brave enfant de la France, etc.


que chantaient souvent nos pauvres marins de la Sibylle. Aux premières paroles, les petits sauvages restèrent immobiles. Mais leur surprise et leur admiration fut partagée par le roi et ses sujets, quand mon père et le Normand m’accompagnèrent de leurs belles voix retentissantes. Quand nous eûmes fini, les sauvages, y compris les petits, tombèrent tous la face contre terre, ils se relevèrent d’un bond, coururent au commandant et au Normand, auxquels ils donnèrent tous les témoignages d’amitié qu’ils purent imaginer. Ils cherchèrent à imiter nos