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LES VACANCES.

« Le commandant marcha avec moi et le Normand ; nous trouvâmes promptement un rocher creux ; il y faisait noir comme dans un four. Il tira de sa poche une boîte d’allumettes, et, à la grande frayeur des sauvages, il en alluma une, ils firent tous une exclamation de surprise et d’effroi, et reculèrent de quelques pas. Mon père entra dans la grotte formée par le rocher, l’éclaira, et la voyant sèche et sans habitants dangereux, tels que serpents ou bêtes féroces, il m’y fit entrer et y entra lui-même avec le Normand, après avoir fait signe aux sauvages qu’il voulait être seul. Ils obéirent avec répugnance et ne s’éloignèrent pas beaucoup, à en juger par le bruit léger que nous entendions de temps à autre ; tantôt un chuchotement, tantôt un petit bruit de feuilles sèches tantôt un sifflement étouffé, comme de gens qui s’appellent. Mon père me mit au fond de la grotte, et s’assit par terre à l’entrée, lui d’un côté, le Normand de l’autre. Je fus réveillé au petit jour par un bruit extraordinaire. J’ouvris les yeux et je vis mon père et le Normand debout à l’entrée de la grotte, leur hache à la main. Mon père se retourna vers moi d’un air inquiet au moment où je m’éveillai. Je sautai sur mes pieds, je courus à lui, j’avançai ma tête, et je vis une multitude de sauvages qui se dirigeaient vers nous. Au milieu d’eux marchait un homme