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LES VACANCES.

mon brave commandant ; et après tant d’années encore. Vous êtes une brave dame, allez ; tout à fait digne de lui. Ce pauvre cher homme ! Lui aussi il pleurait en parlant de vous et de sa petite. Il s’en cachait, mais je l’ai vu souvent essuyer ses yeux, quand il parlait de vous deux. Ah ! c’est qu’il ne lui était pas facile de se cacher de moi. Je l’aimais tant, que je ne le perdais jamais de l’œil. Quand ces satanés sauvages m’ont embarqué dans leur satanée barque, je leur en disais des injures, tout garrotté que j’étais. Mon pauvre commandant ! Faut-il qu’ils m’aient enlevé sans que j’aie pu seulement couper bras, jambes et têtes pour le délivrer ! »

Ce discours donna à Mme  de Rosbourg le temps de se remettre. Après avoir affectueusement remercié Lecomte de son attachement pour M. de Rosbourg, elle l’interrogea sur tous les détails de leur naufrage, de leur débarquement, de leur capture par les sauvages, de leur séparation, M. de Rosbourg et Paul ayant été gardés par une bande de ces sauvages, tandis que Lecomte se trouvait emmené par une autre bande. Après l’avoir entendu pendant deux heures et avoir causé avec lui des chances probables de l’évasion de M. de Rosbourg, elle conçut l’espoir fondé de l’existence de son mari et de son retour.