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LES VACANCES.

douceurs, qu’ils cherchaient à me consoler et que je leur parlais de papa et de maman ; elle les a tous fait venir et leur a dit que le premier qui me parlerait ou me donnerait quelque chose serait chassé le jour même et quand elle les eut renvoyés, elle me fit voir un paquet de verges, plus grosses encore que celles dont elle se servait habituellement, et me dit que chaque fois que je parlerais de papa ou de maman, ou de mon passé, elle me fouetterait à me faire saigner ; et pour me faire voir, dit-elle, la bonté de ses verges, elle me fouetta tellement que j’étais enrouée à force de crier. « Allez, mademoiselle, me dit-elle, allez vous plaindre à votre papa à présent. »

L’indignation des enfants était à son comble ; les uns pleuraient, les autres entouraient Sophie, l’embrassaient, lui promettaient de l’aimer toujours, pour la dédommager des malheurs de sa première enfance. Sophie les remerciait, leur rendait leurs caresses et leur amitié.

« Ce qui m’étonne, dit-elle à Camille et à Madeleine, c’est que vous ne m’ayez jamais parlé de maman, de papa, ni de Paul.

CAMILLE.

Tu sais que nous ne te voyions pas bien souvent. Nous savions bien que vous étiez tous partis, mais ne te voyant plus, nous n’y avons plus