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LES VACANCES.

nements si inattendus de la journée avaient vivement impressionné les enfants ; la rencontre de Lecomte avait presque fait oublier la vanterie et la poltronnerie de Léon. Sophie cherchait à rappeler ses souvenirs pour les raconter à ses amis ; son naufrage, la perte de sa mère, de son oncle et de sa tante, de son cousin Paul qu’elle aimait comme un frère, les dangers qu’elle avait courus, le second mariage de son père suivi de si près de la mort de ce dernier protecteur de son enfance, les mauvais traitements de sa belle-mère, tous ces événements se représentèrent si vivement à son souvenir, qu’elle ne comprit pas comment elle avait pu les oublier et n’avait jamais éprouvé le désir d’en parler.

En approchant du château, MM. de Rugès et de Traypi recommandèrent encore aux enfants de ne pas parler à Mme  de Rosbourg du retour de Lecomte, avant qu’ils le lui eussent appris eux-mêmes avec ménagement, de crainte du saisissement que pouvait occasionner cette espérance.

« Car, dit M. de Traypi, il est très-possible que M. de Rosbourg et Paul aient pu s’échapper de leur côté comme l’a fait Lecomte. D’après le peu qu’il m’a raconté, les sauvages qui les ont pris ne sont pas féroces, et ils sont heureux de pouvoir enlever des Européens qui leur appren-