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LES VACANCES.

Dieu l’avait sauvé, et que sans ces gredins de sauvages !…

— M. de Rugès a dit tout à l’heure que vous vous nommiez Lecomte, dit Marguerite, et vous-même vous disiez que vous cherchiez votre femme et votre enfant. N’avez-vous pas une fille qui s’appelle Lucie ?

LECOMTE.

Oui, mamzelle ; Lucie, qui doit avoir quatorze à quinze ans à présent. Est-ce que vous la connaîtriez par hasard ?

MADELEINE.

Mais alors elles sont ici dans le village ; ce sont elles qui demeurent dans la maison blanche.

À cette nouvelle inattendue, le Normand sembla fou de joie. Il se mit à courir en appelant sa femme et sa fille ; puis il songea qu’il ne connaissait pas le chemin du village ; il revint en courant, se jeta à genoux, ôta son chapeau, fit un signe de croix, se précipita vers Marguerite qu’il embrassa encore une fois, serra les mains de Sophie à la faire crier, supplia qu’on le menât à sa femme et à sa fille.

« Mon brave Lecomte, remettez-vous, soyez raisonnable, lui dit M. de Rugès. Si vous arrivez devant votre femme et devant Lucie sans qu’elles y soient préparées, le saisissement peut les tuer.