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LES VACANCES.

mes dessus tout ce que je pus ramasser de biscuit, d’eau fraîche et de provisions ; le commandant avait sa boussole, une hache passée à la ceinture. Nous mîmes à l’eau le radeau. Le commandant sauta dessus avec M. Paul dans ses bras ; je coupai la corde qui l’attachait au vaisseau ; il pouvait s’engloutir d’un moment à l’autre. J’avais mis des rames sur le radeau, et je me mis à ramer. Le commandant essuya une larme qui lui troublait la vue depuis qu’il avait abandonné le bâtiment. Il regarda autour de nous : on n’y reconnaissait rien ; il examina les étoiles qui commençaient à briller et parut content. « Nous ne sommes pas loin de terre, dit-il. Rame bien, mon Normand, mais pas trop fort, pour ne pas te fatiguer. Quand tu seras las, je te relèverai de faction. »

SOPHIE

Mais Paul, mon pauvre Paul, que faisait-il, que disait-il ?

L’HOMME.

Ma foi, mamzelle, je n’y faisais pas grande attention, faut dire ; je crois bien qu’il pleurait toujours. Le commandant le caressa, lui dit de rester bien tranquille, qu’il ne l’abandonnerait pas, qu’il fallait tâcher de dormir. Moi je ramais avec le commandant, et nous ramâmes si bien,