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LES VACANCES.

mettez-moi de le rassurer, en lui disant que vous ne le laisserez pas entrer dans l’arbre.

M. DE RUGÈS.

Non, non, Camille ; laisse-moi lui donner cette leçon, dont il a grand besoin, je t’assure. Je te permets seulement de rassurer les autres. Dis-leur que je ne le laisserai pas s’exposer à un pareil danger.

On se mit en route assez tristement ; tous les enfants avaient le sentiment du danger qu’allait courir le malheureux Léon, et tous s’étonnaient que M. de Rugès lui permît de s’y exposer. Camille alla de l’un à l’autre ; à mesure qu’elle leur parlait, leur tristesse faisait place au sourire ; les visages reprenaient leur gaieté ; ils causaient bas et riaient ; ils regardaient Léon d’un air malicieux ; tous étaient contents de cette punition infligée à son mauvais caractère et à son manque de courage. Léon, qui n’était pas dans le secret, croyait marcher à la mort, et restait en arrière, comme pour éloigner le terrible moment ; il allait tristement, la tête basse, le visage pâle ; il répondait par monosyllabes aux compliments ironiques qu’on lui adressait sur sa bravoure. Quand il aperçut de loin le chêne qui pouvait être son tombeau, sa frayeur redoubla, et, ne pouvant plus feindre un courage qu’il n’avait pas, il s’esquiva adroite-