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« Camille, Madeleine, pourquoi pleurez-vous ? dit enfin Marguerite, prête elle-même à pleurer. Qu’a donc la pauvre Sophie et pourquoi est-elle couverte de raies rouges ?

— C’est sa méchante belle-mère qui l’a fouettée, chère Marguerite. Pauvre Sophie ! pauvre Sophie ! »

Les trois petites entourèrent Sophie et parvinrent à la consoler à force de caresses et de paroles amicales. Pendant ce temps Élisa avait raconté à Mme de Rosbourg la froide cruauté de Mme Fichini, qui n’avait vu dans l’accident de sa fille qu’une robe salie, et qui avait puni ce manque de soin par une si cruelle flagellation. L’indignation de Mme de Rosbourg égala celle de Mme de Fleurville et d’Élisa ; les mêmes motifs lui firent supporter la présence de Mme Fichini.

Camille, Madeleine et Marguerite eurent besoin de faire de grands efforts pour être polies à table avec Mme Fichini. La pauvre Sophie n’osait ni parler ni lever les yeux ; immédiatement après le dîner, les enfants allèrent jouer dehors. Quand Mme Fichini partit, elle promit d’envoyer souvent Sophie à Fleurville, comme le lui demandaient ces dames.

« Puisque vous voulez bien recevoir cette mauvaise créature, dit-elle en jetant sur Sophie un regard de mépris, je serai enchantée de m’en débarrasser le plus souvent possible ; elle est si mé-