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Mme de Rosbourg et Mme de Fleurville, entendant une rumeur extraordinaire, arrivèrent précipitamment et poussèrent toutes deux un cri de terreur à la vue de Marguerite, dont les cheveux et les vêtements ruisselaient.

« Mon enfant, mon enfant ! s’écria Mme de Rosbourg. Que t’est-il donc arrivé ? Pourquoi ces cris ?

— Maman, ma chère maman, Sophie se noie, Sophie est tombée dans la mare ! »

À ces mots, Mme de Fleurville se précipita vers la mare, suivie du garde et des domestiques. Elle ne tarda pas à rencontrer la faneuse avec Sophie dans ses bras, qui, elle aussi, pleurait à chaudes larmes.

Mme de Rosbourg, voyant l’agitation, le désespoir de Marguerite, ne comprenant pas bien ce qui la désolait ainsi, et sentant la nécessité de la calmer, lui dit avec assurance :

« Sophie est sauvée, chère enfant ; elle va très bien, calme-toi, je t’en conjure.

— Mais qui l’a sauvée ? je n’ai vu personne.

— Tout le monde y a couru pendant que tu revenais. »

Cette assurance calma Marguerite ; elle se laissa emporter sans résistance.

Quand elle fut bien essuyée, séchée et rhabillée, sa maman lui demanda ce qui était arrivé. Marguerite lui raconta tout, mais en atténuant ce