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l’eau, saisit un poteau qui se trouva à portée de ses mains, et réussit, avec cet appui, à sortir de la mare.

N’apercevant plus Sophie, elle courut toute ruisselante d’eau vers la maison en criant : « Au secours, au secours ! » Des faucheurs et des faucheuses qui travaillaient près de là accoururent à ses cris.

« Sauvez Sophie, sauvez Sophie ! elle est dans la mare ! criait Marguerite.

— Mlle Marguerite est tombée dans l’eau, criaient les bonnes femmes ; au secours !

— Sophie se noie, Sophie se noie, sanglotait Marguerite désolée ; allez vite à son secours. »

Une des faneuses, plus intelligente que les autres, courut à la mare, aperçut la robe blanche de Sophie qui apparaissait un peu à la surface de l’eau, y plongea un long crochet qui servait à charger le foin, accrocha la robe, la tira vers le bord, allongea le bras, saisit la petite fille par la taille, et l’enleva non sans peine.

Pendant que la bonne femme sauvait l’enfant, Marguerite, oubliant le danger qu’elle avait couru elle-même, et ne pensant qu’à celui de Sophie, pleurait à chaudes larmes et suppliait qu’on ne s’occupât pas d’elle et qu’on retournât à la mare.

Camille, Madeleine, qui accoururent au bruit, augmentèrent le tumulte en criant et pleurant avec Marguerite.