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— Mme de Fleurville m’a recommandé de faire bien exactement ce qu’elle avait dit, sans quoi je deviendrais enragée et je mourrais. Elle m’a défendu de vous en parler avant un mois, chère maman, pour ne pas vous faire peur.

— Et qu’a-t-on fait pour te guérir, ma pauvre petite ? Est-ce qu’on a appliqué un fer rouge sur la morsure ?

— Non, maman, pas du tout, Mme de Fleurville, Camille et Madeleine m’ont tout de suite lavé la main à grande eau dans un seau, puis elles me l’ont fait tremper dans de l’eau salée, longtemps, longtemps ; elles m’ont fait faire cela tous les matins et tous les soirs, pendant une semaine, et m’ont fait manger, tous les jours, deux pincées de sel et de l’ail. »

Mme de Rosbourg embrassa Marguerite avec une vive émotion, et courut chercher Mme de Fleurville pour avoir des renseignements plus précis.

Mme de Fleurville confirma le récit de la petite et rassura Mme de Rosbourg sur les suites de cette morsure.

« Marguerite ne court plus aucun danger, chère amie, soyez-en sûre ; l’eau est le remède infaillible pour les morsures des bêtes enragées ; l’eau salée est bien meilleure encore. Soyez bien certaine qu’elle est sauvée. »

Mme de Rosbourg embrassa tendrement Mme de