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souviens pas d’avoir livré à madame ni mouton, ni bœuf, ni…

Madame de Rosbourg.

Non, pas de mouton ni de bœuf, mais deux petites filles que voici et que vous avez trouvées dans la forêt.

Hurel, riant.

Bah ! ce sont là ces petites demoiselles que j’ai cueillies sur un arbre ? Pauvres petites ! elles étaient dans un état à faire pitié. Eh ! mes mignonnes ! vous n’avez plus envie d’arpenter la forêt, pas vrai ?

Marguerite.

Non, non. Sans vous, mon cher monsieur Hurel, nous serions certainement mortes de fatigue, de terreur et de faim ; aussi maman, Mme de Fleurville et nous, nous venons toutes vous remercier.

Marguerite, en achevant ces mots, s’approcha de Hurel et se dressa sur la pointe des pieds pour l’embrasser. Le brave homme l’enleva de terre, lui donna un gros baiser sur chaque joue et dit :

« C’eût été bien dommage de laisser périr une gentille et bonne demoiselle comme vous. Et comme ça vous aviez donc bien peur ? »

Marguerite.

Oh oui ! bien peur, bien peur. On entendait marcher, craquer, souffler.