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épingle dans le dos, que la troisième la pinçait en lui passant ses manches, et que la quatrième l’étranglait en lui nouant son bonnet blanc. Elle finit pourtant par se trouver admirablement habillée, et elle courut se faire voir à sa maman, qui, joignant les mains, regardait Lucie avec admiration. Elle dit enfin d’une voix un peu plus forte :

« Chères demoiselles, chères dames, que le bon Dieu vous bénisse et vous récompense ; qu’il vous rende un jour le bien que vous me faites et le bonheur dont vous remplissez mon cœur ! Ma pauvre Lucie, approche encore, que je te regarde, que je te touche ! Ah ! si ton pauvre père pouvait te voir ainsi ! »

Elle retomba sur son oreiller, cacha sa tête dans ses mains et pleura. Mme de Rosbourg lui prit les mains avec affection et la consola de son mieux.

« Tout ce que nous envoie le bon Dieu est pour notre bien, ma bonne Françoise. Voyez ! si la méchante meunière n’avait pas chassé votre pauvre Lucie, mes petites ne l’auraient pas entendue pleurer, je ne l’aurais pas questionnée, je n’aurais pas connu votre misère. Il en est ainsi de tout ; Dieu nous envoie le bonheur et permet les chagrins ; recevons-les de lui et soyons assurés que le tout est pour notre bien. »

Les paroles de Mme de Rosbourg calmèrent