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a-t-on jamais vu des petites filles crier et se démener ainsi, comme de petits démons ?

Marguerite, sautant toujours.

Si tu savais, ma chère Élisa, si tu savais quel bonheur ! Viens danser avec nous. Quel bonheur ! quel bonheur !

Élisa.

Mais quoi donc ? Pour quoi, pour qui faut-il que je me démène comme un lutin ? M’expliquerez-vous enfin ?…

Marguerite.

Sophie reste avec nous toujours ! toujours ! Mme Fichini s’est mariée. Ha ! ha ! ha ! elle s’est mariée avec un comte Blagowski ! ils ne veulent plus de Sophie… quel bonheur ! quel bonheur !

Et la ronde, les sauts, les cris recommencèrent de plus belle. Élisa s’était mise de la partie, et le tapage devint tel, que successivement toute la maison vint savoir la cause de ce bruit sans pareil. Chacun s’en allait heureux de la bonne nouvelle, car tous aimaient Sophie et la plaignaient d’avoir une si méchante belle-mère.

Enfin les petites filles se lassèrent de danser ; toutes quatre tombèrent sur des chaises ; Élisa s’y laissa tomber comme elles.

« Mes enfants, dit-elle, vous savez que pour les grandes fêtes on fait des illuminations : faisons-en une ce soir en l’honneur de Sophie.