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LES MALHEURS DE SOPHIE.

patte à son amie… les autres sont en colère… Oh ! comme elles se battent ! en voilà quelques-unes qui tombent ! les voilà qui se relèvent…

— Laisse-moi regarder à mon tour, Paul », dit Sophie.

Paul ne répondit pas et continua à regarder et à raconter ce qu’il voyait.

Sophie s’impatientait ; elle prit un coin de la boîte et tira tout doucement ; Paul tira de son côté ; Sophie se fâcha et tira un peu plus fort ; Paul tira plus fort encore ; Sophie donna une telle secousse à la boîte, qu’elle la déchira. Toutes les mouches s’élancèrent dehors et se posèrent sur les yeux, sur les joues, sur le nez de Paul et de Sophie, qui les chassaient en se donnant de grandes tapes.

« C’est ta faute, disait Sophie à Paul ; si tu avais été plus complaisant, tu m’aurais donné la boîte et nous ne l’aurions pas déchirée.

— Non, c’est ta faute, répondait Paul ; si tu avais été moins impatiente, tu aurais attendu la boîte et nous l’aurions encore.

sophie.

Tu es égoïste, tu ne penses qu’à toi.

paul.

Et toi, tu es colère comme les dindons de la ferme.

sophie.

Je ne suis pas colère du tout, monsieur ; seulement je trouve que vous êtes méchant.