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LES MALHEURS DE SOPHIE

gnées mieux que beaucoup de princesses. Sophie venait la rejoindre quand tout son pain était émietté ; elle regardait les petits poulets sortir de leur coquille, et qui étaient trop jeunes encore pour courir dans les champs. Un matin, quand Sophie entra au poulailler, elle vit sa maman qui tenait un magnifique poulet, né depuis une heure.

sophie.

Ah ! le joli poulet, maman ! ses plumes sont noires comme celles d’un corbeau.

madame de réan.

Regarde aussi quelle jolie huppe il a sur la tête ; ce sera un magnifique poulet.

Mme de Réan le replaça près de la poule couveuse. À peine l’avait-elle posé, que la poule donna un grand coup de bec au pauvre poulet. Mme de Réan donna une tape sur le bec de la méchante poule, releva le petit poulet, qui était tombé en criant, et le remit près de la poule. Cette fois la poule, furieuse, donna au pauvre petit deux ou trois coups de bec et le poursuivit quand il chercha à revenir.

Mme de Réan accourut et saisit le poulet, que la mère allait tuer à force de coups de bec. Elle lui fit avaler une goutte d’eau pour le ranimer.

« Qu’allons-nous faire de ce poulet ? dit-elle ; impossible de le laisser avec sa méchante mère, elle le tuerait ; il est si beau que je voudrais pourtant l’élever.

sophie.

Écoutez, maman, mettez-le, dans un grand pa-