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LES MALHEURS DE SOPHIE

sophie, effrayée.

Oh ! maman, ce pauvre homme ! Que deviendra-t-il avec sa femme et ses enfants ?

madame de réan.

Tant pis pour lui ; il ne devait pas tuer mes petits poissons, qui ne lui avaient fait aucun mal, et qu’il a fait souffrir en les coupant en morceaux.

sophie.

Mais ce n’est pas lui, maman ! Je vous assure que ce n’est pas lui !

madame de réan.

Comment sais-tu que ce n’est pas lui ? moi je crois que c’est lui, que ce ne peut être que lui, et dès demain je le ferai partir.

sophie, pleurant et joignant les mains.

Oh non ! maman, ne le faites pas. C’est moi qui ai pris les petits poissons et qui les ai tués.

madame de réan, avec surprise.

Toi !… quelle folie ! Toi qui aimais ces petits poissons, tu ne les aurais pas fait souffrir et mourir ! Je vois bien que tu dis cela pour excuser Simon…

sophie.

Non, maman, je vous assure que c’est moi ; oui, c’est moi ; je ne voulais pas les tuer, je voulais seulement les saler, et je croyais que le sel ne leur ferait pas de mal. Je ne croyais pas non plus que de les couper leur fît mal, parce qu’ils ne criaient pas. Mais, quand je les ai vus morts, je les ai re-