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LES MALHEURS DE SOPHIE

Sophie tremble que sa maman n’appelle sa bonne, ne l’appelle elle-même ; mais tout se calme, elle n’entend plus rien.

La bonne, qui avait aussi entendu du bruit et qui était curieuse, quitte son ouvrage et sort.

Elle rentre un quart d’heure après.

« Comme c’est heureux, dit-elle à Sophie, que nous ayons été toutes deux dans notre chambre sans en sortir ! Figurez-vous que votre maman vient d’aller voir ses poissons ; elle les a trouvés tous morts, les uns entiers, les autres coupés en morceaux. Elle a fait venir tous les domestiques pour leur demander quel était le méchant qui avait fait mourir ces pauvres petites bêtes ; personne n’a pu ou n’a voulu rien dire. Je viens de la rencontrer ; elle m’a demandé si vous aviez été dans le salon ; j’ai heureusement pu lui répondre que vous n’aviez pas bougé d’ici, que vous vous étiez amusée à faire la dînette dans votre petit ménage. « C’est singulier, dit-elle, j’aurais parié que c’est Sophie qui a fait ce beau coup. — Oh ! madame, lui ai-je répondu, Sophie n’est pas capable d’avoir fait une chose si méchante. — Tant mieux, dit votre maman, car je l’aurais sévèrement punie. C’est heureux pour elle que vous ne l’ayez pas quittée et que vous m’assuriez qu’elle ne peut pas avoir fait mourir mes pauvres poissons. — Oh ! quant à cela, madame, j’en suis bien certaine », ai-je répondu.

Sophie ne disait rien ; elle restait immobile et