Page:Ségur - Les Malheurs de Sophie.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
LES MALHEURS DE SOPHIE.

Sophie ne répondit pas, et bouda pendant que Paul courait chercher la bonne et faire atteler l’âne. Une demi-heure après, l’âne était à la porte avec la voiture.

Sophie monta dedans toujours boudant ; elle fut maussade pendant toute la promenade, malgré les efforts du pauvre Paul pour la rendre gaie et aimable. Enfin il lui dit :

« Ah ! tu m’ennuies avec tes airs maussades ! Je m’en vais à la maison : cela m’ennuie de parler tout seul, de jouer seul, de regarder ta figure boudeuse. »

Et Paul dirigea l’âne du côté de la maison. Sophie continuait à bouder. Quand ils arrivèrent, elle descendit, accrocha son pied au marchepied et tomba. Le bon Paul sauta à terre et l’aida à se relever : elle ne s’était pas fait mal, mais la bonté de Paul la toucha et elle se mit à pleurer.

« Tu t’es fait mal, ma pauvre Sophie ? disait Paul en l’embrassant. Appuie-toi sur moi ; n’aie pas peur, je te soutiendrai bien.

— Non, mon cher Paul, répondit Sophie en sanglotant ; je ne me suis pas fait mal ; je pleure de repentir ; je pleure parce que j’ai été méchante pour toi, qui es toujours si bon pour moi.

paul.

Il ne faut pas pleurer pour cela, ma pauvre Sophie. Je n’ai pas de mérite à être bon pour