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LES MALHEURS DE SOPHIE.

sophie.

Écoute, Paul, j’ai une idée.

paul, riant.

Oh ! si tu as une idée, nous sommes sûrs de faire quelque sottise, car tes idées ne sont pas fameuses, en général.

sophie, avec impatience.

Mais écoute donc, avant de te moquer. Mon idée est excellente. Combien ma tante te donne-t-elle d’argent par semaine ?

paul.

Un franc ; mais c’est pour donner aux pauvres, aussi bien que pour m’amuser.

sophie.

Bon ! moi, j’ai aussi un franc ; ce qui fait deux francs par semaine. Au lieu de dépenser notre argent, gardons-le jusqu’à ce que nous puissions acheter un âne et une charrette.

paul.

Ton idée serait bonne si, au lieu de deux francs, nous en avions vingt : mais avec deux francs nous ne pourrions plus rien donner aux pauvres, ce qui serait mal, et puis il nous faudrait attendre deux ans avant d’avoir de quoi acheter un âne et une voiture.

sophie.

Deux francs par semaine, combien cela fait-il par mois ?

paul.

Je ne sais pas au juste, mais je sais que c’est très peu.