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LES MALHEURS DE SOPHIE.

maman, elle me gronderait et ne voudrait pas l’écrire… Je pourrais bien attendre que papa soit revenu ; mais il faudrait attendre trop longtemps et je voudrais avoir la boîte tout de suite… »

Sophie réfléchit, réfléchit longtemps ; enfin elle sauta de dessus son banc, frotta ses mains l’une contre l’autre et s’écria :

« J’ai trouvé, j’ai trouvé. La boîte sera à moi. »

Et voilà Sophie qui rentre au salon, la boîte était restée sur la table ; mais la maman n’y était plus. Sophie avance avec précaution, ouvre la boîte et en retire une à une toutes les choses qui la remplissaient. Son cœur battait, car elle allait voler, comme les voleurs que l’on met en prison. Elle avait peur que quelqu’un n’entrât avant qu’elle eût fini. Mais personne ne vint ; Sophie put prendre tout ce qui était dans la boîte. Quand elle eut tout pris, elle referma doucement la boîte, la replaça au milieu de la table et alla dans un petit salon où étaient ses joujoux et ses petits meubles ; elle ouvrit le tiroir de sa petite table et y enferma tout ce qu’elle avait pris dans la boîte de sa maman.

« Quand maman n’aura plus qu’une boîte vide, dit-elle, elle voudra bien me la donner ; et alors j’y remettrai tout, et la jolie boîte sera à moi ! »

Sophie, enchantée de cette espérance, ne pensa même pas à se reprocher ce qu’elle avait fait ; elle ne se demanda pas : « Que dira maman ? Qui accusera-t-elle d’avoir volé ses affaires ? Que répon-