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LES MALHEURS DE SOPHIE.

« Ta pelle est toute poissée ; elle colle aux doigts ; qu’est-ce que tu as mis dessus ?

— Rien, répondit Sophie ; rien. Je ne sais pas pourquoi elle colle. »

Et Sophie plongea vivement ses mains dans l’arrosoir plein d’eau, parce qu’elle venait de s’apercevoir qu’elles étaient poissées.

« Pourquoi mets-tu tes mains dans l’arrosoir ? demanda Paul.

sophie, embarrassée.

Pour voir si elle est froide.

paul, riant.

Quel drôle d’air tu as depuis que je suis revenu ! On dirait que tu as fait quelque chose de mal.

sophie, troublée.

Quel mal veux-tu que j’aie fait ! Tu n’as qu’à regarder ; tu ne trouveras rien de mal. Je ne sais pas pourquoi tu dis que j’ai fait quelque chose de mal : tu as toujours des idées ridicules.

paul.

Comme tu te fâches ! C’est une plaisanterie que j’ai faite. Je t’assure que je ne crois à aucune mauvaise action de ta part, et tu n’as pas besoin de me regarder d’un air si farouche. »

Sophie leva les épaules, reprit son arrosoir et le versa dans le bassin, qui se vida sur le sable. Les enfants jouèrent ainsi jusqu’à huit heures ; les bonnes vinrent les chercher et les emmenèrent. C’était l’heure du coucher.