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LES MALHEURS DE SOPHIE.

temps elle jetait un coup d’œil sur sa maman et sur Paul, qui s’éloignaient. Les chiens avaient l’air inquiet ; ils allaient vers le bois, ils revenaient ; ils finirent par se rapprocher tellement de Mme de Réan, qu’elle regarda ce qui causait leur frayeur, et elle aperçut dans le bois, au travers des feuilles, des yeux brillants et féroces. Elle entendit en même temps un bruit de branches cassées, de feuilles sèches. Se retournant pour recommander aux enfants de marcher devant elle, quelle fut sa frayeur de ne voir que Paul !

« Où est Sophie ? s’écria-t-elle.

paul.

Elle a voulu rester en arrière pour manger des fraises, ma tante.

madame de réan.

Malheureuse enfant ! qu’a-t-elle fait ? Nous sommes accompagnés par des loups. Retournons pour la sauver, s’il est encore temps ! »

Mme de Réan courut, suivie de ses chiens et du pauvre Paul terrifié, à l’endroit où devait être restée Sophie ; elle l’aperçut de loin assise au milieu des fraises, qu’elle mangeait tranquillement. Tout à coup deux des chiens poussèrent un hurlement plaintif et coururent à toutes jambes vers Sophie. Au même moment un loup énorme, aux yeux étincelants, à la gueule ouverte, sortit sa tête hors du bois avec précaution. Voyant accourir les chiens, il hésita un instant ; croyant avoir le temps avant leur arrivée d’emporter Sophie dans la forêt