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LES MALHEURS DE SOPHIE.

rivée de ses amies. Elle mit la boîte à couleurs sur une petite table. Sur une autre table elle arrangea les six tasses, et au milieu elle mit le sucrier, la théière et le pot à crème.

« À présent, dit-elle, je vais faire du thé. »

Elle prit la théière, alla dans le jardin, cueillit quelques feuilles de trèfle, qu’elle mit dans la théière ; ensuite elle alla prendre de l’eau dans l’assiette où on en mettait pour le chien de sa maman, et elle versa cette eau dans la théière.

« Là ! voilà le thé, dit-elle d’un air enchanté ; à présent je vais faire la crème. » Elle alla prendre un morceau de blanc qui servait pour nettoyer l’argenterie ; elle en racla un peu avec son petit couteau, le versa dans le pot à crème, qu’elle remplit de l’eau du chien, mêla bien avec une petite cuiller, et, quand l’eau fut bien blanche, elle replaça le pot sur la table. Il ne lui restait plus que le sucrier à remplir ; elle reprit la craie à argenterie, en cassa de petits morceaux avec son couteau, remplit le sucrier, qu’elle posa sur la table, et regarda le tout d’un air enchanté.

« Là ! dit-elle en se frottant les mains, voilà un superbe thé ; j’espère que j’ai de l’esprit ! Je parie que Paul ni aucune de mes amies n’auraient eu une si bonne invention… »

Sophie attendit ses amies encore une demi-heure, mais elle ne s’ennuya pas ; elle était si contente de son thé, qu’elle ne voulait pas s’en éloi-