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n’est plus là, mais son âme est près de nous ; elle nous voit, nous entend ; elle prie pour nous et avec nous.

gribouille.

Comment son âme peut-elle être ici sans que je la voie ?

caroline.

Vois-tu le vent ? vois-tu ta pensée ?

gribouille.

Non.

caroline.

Et pourtant le vent souffle, ta pensée existe ; il en est de même pour l’âme de maman : nous ne la voyons pas, et pourtant elle existe et elle nous protège.

— C’est singulier, dit Gribouille en regardant sa sœur d’un air étonné. Je te comprends, et pourtant je ne comprends pas la chose que tu dis. C’est égal, je sens que tu as raison.

Gribouille s’agenouilla près de sa sœur, mais, tout en faisant sa prière avec elle, il paraissait inquiet, et au moindre bruit tournait la tête et regardait à la dérobée si quelqu’un venait.

« Déjeunons maintenant, dit Caroline quand ils eurent fini leur prière. Il est bien tard : je devrais être à l’ouvrage depuis deux heures.

gribouille.

Que dois-je faire, moi ?

caroline.

Prends le paquet de linge sale que tu trouveras au grenier, et va le porter au lavoir ; j’irai te re-