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en prison, repentante et abandonnée, a droit à votre compassion.

nanon.

Je ne dis pas non, monsieur le curé, je ne dis pas non… C’est seulement des idées comme ça… qui me passent par la tête… Certainement je sais… que… que… que je suis une vieille maussade, une grognon, un mauvais caractère ! s’écria-t-elle avec force. Je ne recommencerai plus, monsieur le curé ; bien sûr, je vais marcher sagement près de vous,… seulement c’est cette houppelande qui vous chauffe le bras.

le curé.

Et pourquoi l’avez-vous prise ? Je n’en ai que faire.

nanon.

C’est ça ! Vous allez passer la nuit à grelotter dans cette prison humide, pour attraper du mal ? plus souvent que je vous laisserais faire !

le curé.

Alors donnez-la-moi, ma pauvre Nanon ; il est juste que je la porte, puisque c’est pour moi que vous avez eu ce soin, dont je vous remercie.

nanon.

En vérité ! il y a bien de quoi me remercier ; comme si je pouvais faire autrement que de penser à vous, puisque vous n’y pensez jamais vous-même. Et vous ne l’aurez pas ; c’est moi qui vous le dis. C’est bien le moins que je répare, en m’éreintant un peu, les méchantes paroles que vous avez entendues.