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« Va, mon ami, dit-il d’une voix émue, va chercher deux couverts de plus… et Jeannot », ajouta-t-il avec un soupir.

Jean sortit cette fois en courant et ne fut pas longtemps à revenir avec les couverts et Jeannot. Ce dernier osait à peine entrer et lever les yeux.

« N’aie pas peur, Jeannot, dit Kersac en riant ; à tout péché miséricorde. J’ai eu tort de te confier un cheval un peu vif, à toi qui n’y entends rien. N’y pensons plus et mangeons bien et gaiement. C’est Jean qui nous sert, je suis hors de combat, moi. »

Jeannot prit courage ; Jean était radieux ; il regardait Kersac avec reconnaissance et affection. Kersac s’en aperçut, sourit et fut satisfait d’avoir bien agi et d’avoir accepté, lui homme fait, les observations d’un enfant. Il en savait bon gré à Jean, qu’il aimait réellement de plus en plus.

Jean.

Voici le couvert mis ; viens m’aider, Jeannot, à apporter les plats. Faut-il demander du cidre pour vous, monsieur ?

Kersac.

Certainement, et du bon. Mais pas pour moi seul ; pour trois. »

Jean et Jeannot sortirent.

Jean.

Eh bien ! Jeannot, pas vrai qu’il est bon, M. Kersac ? Tu vas être gentil pour lui, j’espère ?

Jeannot.

Je ferai de mon mieux, Jean : mais tu sais que