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d’un de ses gilets ; il prit un fiacre et se logea dans un hôtel. En attendant une place qui n’arriva pas, il mangea tout son argent, vendit ses effets, se trouva sans ressources, se réunit à une bande de vagabonds, se fit arrêter et mettre en prison ; il en sortit plus corrompu qu’il n’y était entré, fut arrêté pour vol simple une première fois, et condamné à un an de prison ; une seconde fois pour vol avec effraction et menaces, il fut condamné à dix ans de galères ; il est au bagne maintenant ; on parle de le transporter à Cayenne, à cause de son indocilité et de son humeur intraitable. Il est probable qu’il fera partie du prochain transport de galériens.

Et Simon ?

Simon vit heureux et content ; il est bon mari, bon père, bon fils et toujours bon chrétien.

Son beau-père l’ennuie quelquefois pour des affaires de commerce. Il trouve Simon trop délicat, trop consciencieux. Simon assure qu’il n’est qu’honnête et qu’il ne fera aucune affaire qui ne soit parfaitement loyale et honorable. Dans le magasin, les pratiques aiment mieux avoir affaire au gendre qu’au beau-père. Ce dernier, s’étant retiré du commerce et ayant cédé les affaires à ses enfants, voit avec surprise l’agrandissement du commerce de Simon. Celui-ci a déjà acquis une fortune suffisante pour vivre agréablement. Il va quelquefois à Sainte-Anne, où il trouve réunis tous ses anciens amis et son frère Jean, qu’il aime toujours tendrement.