Le chagrin de Suzanne prit une apparence plus douce après cette promesse de M. Abel ; ses larmes furent moins amères ; sa tendresse pour ses parents aurait son complément dans l’affection d’un ami dont l’âge se rapprochait du sien. Elle demanda instamment à M. Abel de la laisser retourner près de son frère.
« Ne craignez pas pour moi, cher monsieur Abel ; la prière me fera du bien ; Roger a déjà prié pour moi, puisqu’il me donne un ami tel que vous. Laissez-moi le remercier. »
Abel la ramena près du lit de Roger ; elle arrosa de ses larmes ses petites mains déjà glacées ; en face d’elle priait Abel. Une heure se passa ainsi ; M. Abel demanda à Suzanne de prendre quelque repos, elle répondit par un signe de tête négatif.
« Je vous en prie, Suzanne », dit-il doucement.
Suzanne se leva et le suivit sans résistance dans le salon.
Suzanne, promettez-moi d’aller vous étendre sur votre lit. Vous êtes pâle comme une morte et vous semblez exténuée de fatigue. Ma chère Suzanne, soignez-vous, croyez-moi. Vos parents ont plus que jamais besoin de vos soins et de votre tendresse.
Je vous obéirai, cher monsieur Abel. Mais allez voir papa et maman ; ils vous aiment tant ! Votre présence leur sera une grande consolation.