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L’étranger sourit et ne put s’empêcher de donner une petite tape amicale sur la joue fraîche de Jean.

L’étranger.

Ton camarade n’en dit pas autant, ce me semble.

Jean.

C’est qu’il est terrifié, monsieur. Il a toujours peur, ce pauvre Jeannot.

L’étranger, avec ironie.

Ah ! il s’appelle Jeannot ! Beau nom ! Bien porté ! Et toi, quel est ton nom ?

Jean.

C’est Jean, monsieur.

L’étranger.

Vrai beau nom, celui-là ? Et tu me fais l’effet de devoir faire honneur à tes saints patrons. Allons, Jean et Jeannot, marchons ; je vais vous escorter, de peur d’accident. Tiens, mon brave petit Jean, voici tes huit francs vingt-cinq centimes, auxquels j’ajoute vingt francs pour payer ton voyage. Et toi, pleurard, poltron, voici tes dix francs vingt-cinq centimes, auxquels j’ajoute la défense de rien recevoir de Jean. Si j’apprends que tu as encore accepté un partage, tu auras affaire à moi. Suivez-moi tous deux ; je veux vous faire déjeuner à Auray, dont nous ne sommes pas éloignés.

Jean, les yeux brillants de joie et de reconnaissance.

Vous avez bien de la bonté, monsieur ; je suis bien reconnaissant ; je ne sais comment vous remercier, monsieur.