voit que le dos, mais je vous reconnais bien, tout de même ! Nous voilà, Simon et moi, avec nos habits neufs ! C’est ça ! c’est bien ça ! Voyez donc, monsieur Kersac. Et voilà Simon et Aimée : c’est comme ils étaient le jour du bal ! Oh ! monsieur, que c’est beau ! que c’est donc joli ! que vous êtes heureux de faire de si belles choses ! »
Jean ne voyait pas la foule qui s’était rassemblée autour d’eux ; on chuchotait, on nommait tout bas M. Abel de N…. Celui-ci avait fait de vains efforts pour arracher Jean à son enthousiasme ; il ne voyait que ces tableaux, il n’entendait que sa propre voix. Contrarié, presque impatienté, M. Abel voulut s’en aller ; mais la foule, qui se composait d’artistes, les avait cernés, il fallait rester là. Lorsqu’il se retourna pour chercher une issue, toutes les têtes se découvrirent ; M. Abel salua et sourit avec sa politesse et son affabilité accoutumées. La foule commença à s’émouvoir, à s’agiter. Quelques vivats se firent entendre.
« Messieurs, de grâce, dit M. Abel en souriant, je demande le passage. Jean, viens, mon ami.
— Jean, il s’appelle Jean », chuchotèrent quelques voix.
Jean sortit enfin de son extase.
« Oh ! monsieur ! commença-t-il.
Chut ! nigaud. Silence, je t’en supplie ! Et suis-moi. »
Jean suivit machinalement ; la foule voulut suivre aussi. M. Abel se retourna, ôta son chapeau :