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Jean raconta la farce en wagon de MM. Abel, Caïn et Seth et l’écrasement de la grosse petite dame rouge par Kersac, qui croyait la secourir. Puis l’histoire des saltimbanques, du marteau magique ; la mésaventure de Jeannot, qui avait perdu trois francs en voulant gagner une pièce d’or. Il raconta le dîner, la leçon de danse, le bal et tout ce qui pouvait amuser Roger et le distraire un instant de ses souffrances. Le pauvre enfant souriait ; il n’avait plus la force de rire. Il remerciait Jean du regard ; dans les moments où il souffrait trop, il lui faisait signe de s’interrompre. Jean resta ainsi une heure avec lui ; il retourna ensuite près de Kersac qui s’éveillait, et qui fut très honteux quand il sut qu’il était dix heures.

Kersac.

Je n’ai pas l’habitude de ces veillées, de ces fatigues extraordinaires et de ces repas monstres qui vous rendent lourd et paresseux. À la ferme je me fatigue davantage et j’ai moins besoin de repos. J’y serai heureusement demain matin, et dès mon arrivée j’arrangerai mon affaire avec ta mère ; le plus tôt sera le mieux. Je lui avais promis de t’emmener ; veux-tu venir passer quelques jours avec nous ?

Jean.

J’en serais bien heureux, monsieur, mais je ne puis quitter mon pauvre petit M. Roger dans l’état où il est. Je ne suis pas grand’chose, mais il me demande souvent, et je réussis à le distraire un peu.

« M’a-t-il fait répéter de fois ma rencontre avec