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ainsi près d’une demi-heure. Il se réveilla doucement, sans secousse, aperçut Abel.

« Mon bon ami, embrassez-moi », lui dit-il.

Abel l’embrassa, mais ne lui parla pas encore. Roger se tourna vers Kersac, attira sa main sur sa petite poitrine décharnée.

« Je ne vous oublierai pas près du bon Dieu.

M. de Grignan, avec effusion.

Merci, mon bon monsieur Kersac ! Je suis réellement reconnaissant. Vous avez fait avorter une crise qui se préparait. Je crois, en vérité, que votre explication est juste : votre force agit sur sa faiblesse. »

Le médecin entrait avec Mme de Grignan ; il trouva qu’il y avait trop de monde près du malade et ne voulut y laisser que le père et la mère ; les autres sortirent. Jean profita de la présence de M. Abel pour raconter ce qu’ils avaient appris de Jeannot.

« Monsieur Abel, vous qui avez fait tant de belles et bonnes actions, sauvez le pauvre Jeannot, retirez-le de la maison où il est ; il s’y perdra.

M. Abel.

Il est déjà perdu, mon enfant ; et il était en bon train avant d’y entrer. Que puis-je y faire ? Comment changer un cœur mauvais et ingrat ?

Jean.

Si ses maîtres voulaient bien s’occuper de lui donner de sages et bons camarades !

Abel.

Les maîtres ne valent guère mieux que leurs ser-