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Kersac le poussa du coude et continua à faire boire et parler Jeannot.

Kersac.

Ce n’est pas bête, en effet, ce que tu fais là. Mais je ne vois pas là dedans quel bénéfice tu y trouves, toi ?

Jeannot.

Au commencement, pas grand’chose ; une pièce de cinq francs, de dix francs, par-ci, par-là. Mais quand je me suis habitué aux affaires, j’ai fait les miennes aussi.

Kersac.

Comment ça ?

Jeannot.

Voilà ! Je m’arrangeais avec les marchands pour qu’ils chargeassent leurs mémoires ; avec l’épicier, outre le prix, il y a le poids ; et, alors, au lieu d’en rogner le quart, je lui en rognais le tiers ; je déclarais toujours le quart à M. Boissec et je gardais le reste.

Kersac.

Mais pourquoi M. Boissec ne fait-il pas ses affaires lui-même ? Il doit se méfier de toi ?

Jeannot.

Il ne voulait pas paraître dans les affaires pour ne pas être pris. En cas de découverte, il fait tout tomber sur moi, il me fait chasser comme un voleur, et le maître est content : il croit M. Boissec un trésor de probité.

Kersac.

Et toi, donc ? Tu te trouves sur le pavé.