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serait trouvée embarrassée, déplacée avec tout ce beau monde. Et puis, tant qu’elle n’est pas ma femme, elle est ma fille de ferme ; je n’aurais pas voulu que ta mère se présentât comme fille de ferme chez tes parents. Et puis, la pauvre femme y avait une très grande répugnance, probablement à cause de tout cela. Moi-même, je ne m’y suis réellement décidé qu’en partant. J’ai vu que ça me faisait quelque chose de la quitter. C’est qu’elle est bien bonne, elle m’est bien attachée, et je pense que nous ne serons malheureux ni l’un ni l’autre.

Simon.

Ma mère ne le sait donc pas, comme ça ?

Kersac.

Elle n’en sait pas le premier mot.

Simon.

Et si elle allait refuser ?

Kersac, étonné.

Comment ? Qu’est-ce que tu dis ? Refuser !… Diantre ! je n’avais pas pensé à cela, moi ! Ah bien ! si elle refusait,… c’est que j’en serais bien chagrin !… Oui, oui, ce serait une vraie perte pour la ferme et pour moi. Jamais je ne trouverais à remplacer cette femme-là. Quelle diable d’idée tu as eue, Simon ! Je ne vais pas avoir un instant de tranquillité jusqu’à mon retour là-bas.

Simon, souriant.

Rassurez-vous, mon cher père ! Ce n’est qu’une supposition. Pourquoi refuserait-elle de rester avec vous, puisqu’elle vous aime tant et qu’elle est si