Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Kersac.

Bien pardon, monsieur, c’est moi ! Je n’y ai pas pensé ! C’est que nous venions de parler de vous, monsieur, et alors vous comprenez.

— Je comprends, dit Abel en adressant à Jean un sourire affectueux. Et puisque j’ai les mains noires comme les vôtres, je vais vous aider à dépêcher votre ouvrage ; nous allons décrotter tout cela, comme trois bons amis. »

M. Abel mit un tablier de Barcuss, saisit une brosse, un petit brodequin de Suzanne, et se mit à brosser et à cirer comme un vrai décrotteur. Kersac le regardait avec un étonnement qui faisait rire M. Abel, déjà enchanté du nouveau rôle qu’il s’était adjugé.

Quand ils eurent fini, Abel proposa de descendre à la cuisine pour se savonner les mains ; ils y allèrent tous les trois ; le cuisinier, accoutumé aux excentricités de M. Abel, lui présenta une terrine d’eau tiède et un morceau de savon, sans demander d’où provenait ce cirage sur les mains de M. Abel ; Jean et Kersac se lavèrent dans un seau.

« Au revoir, mon ami Kersac, dit M. Abel en s’en allant, je suis entré en passant pour savoir des nouvelles de mon pauvre petit Roger. Jean, sais-tu comment il va ? Il était bien souffrant hier soir.

Jean.

Je n’ai pas encore eu de ses nouvelles ce matin, monsieur ; l’arrivée de M. Kersac m’a tout bouleversé. J’étais si content de le revoir !