Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/316

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sons : chez Mme de Grignan, où est Jean, chacun a son travail ; c’est une maison comme il faut, une vraie maison de Dieu, comme l’écrit toujours Jean.

Kersac.

C’est possible, mais j’essayerai toujours ; voici près de trois ans que vous n’avez vu votre fils, ma pauvre Hélène ; il est bien juste qu’on vous le donne pour quelques jours. »

Hélène le remercia, mais sans trop croire au bonheur que ce brave Kersac lui faisait espérer.

Il reçut, deux jours après, une réponse à sa lettre ; le mariage était pour le 1er mai, et on était aux derniers jours d’avril. Pas de temps à perdre ; Hélène se hâta de lui préparer ses plus beaux habits, son linge le plus fin, ses bottes les plus brillantes ; elle lui mit de l’or dans sa bourse ; elle crut être prodigue en lui mettant cent francs.

Elle fit son paquet, qu’elle enveloppa dans un beau torchon neuf bien épinglé, et, lorsque Kersac fut près du départ, elle lui remit son paquet et la bourse.

Kersac, riant.

Merci, ma bonne Hélène. Avez-vous été généreuse ? Combien m’avez-vous donné pour m’amuser ?

Hélène.

Plus que vous n’en dépenserez, monsieur. Cent francs !

Kersac, riant plus fort.

Cent francs ! Pauvre femme ! Cent francs ! Mais il n’y a pas de quoi aller et venir si je ramène mon brave petit Jean.