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vous serez près du bon Dieu, lui disait-il souvent.

— Pour toi comme je prierais pour mon frère », répondait Roger de sa voix défaillante.

Les nouvelles d’Hélène étaient excellentes ; elle se plaisait beaucoup dans cette ferme de Sainte-Anne que louait Kersac ; elle était généralement aimée et estimée. Kersac était plus un frère qu’un maître pour elle ; jamais un reproche, toujours des remerciements et des éloges. La petite Marie devenait de plus en plus gentille ; elle passait la journée chez les bonnes Sœurs de Sainte-Anne ; elle travaillait bien ; elle commençait déjà à se rendre un peu utile à la ferme. Quand Kersac lui faisait faire un raccommodage ou un travail quelconque pour lui-même, Marie en était fière et heureuse. Kersac l’aimait beaucoup et se réjouissait de la pensée de l’adopter.

Un jour il reçut une lettre de Simon et de Jean. Simon lui demandait de venir assister à son mariage, qui avait été retardé jusqu’après Pâques à cause d’une maladie de Mme Amédée, commencée peu de jours avant le Carême. Simon demandait aussi à Kersac de vouloir bien lui servir de témoin avec M. Abel N…, ce peintre fameux par son talent autant que par sa vie exemplaire et son esprit charmant.

Jean suppliait son ami Kersac de venir les voir dans une occasion aussi solennelle ; ils déploraient tous les deux que leur mère ne pût venir, et Jean demandait à Kersac de ne pas augmenter leur chagrin en refusant d’être témoin de l’heureux Simon.