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de notre vie : ils nous laisseront un charmant et heureux souvenir. Je n’ai jamais été si heureux que dans notre pauvre chambrette du cinquième, où nous manquions de tout et où nous avions tout ce qui fait le bonheur : une conscience tranquille et notre tendresse fraternelle. Nous les avons toujours, ces deux éléments de bonheur. Nous nous verrons moins, c’est vrai, mais nous nous aimerons autant et nous penserons l’un à l’autre. Et à présent mettons-nous à l’ouvrage. »

Jean embrassa encore une fois Simon et commença avec lui à tout placer dans la commode et dans l’armoire, et à accrocher les habits aux porte-manteaux.

Au fond de la caisse, Simon trouva d’abord un crucifix et une petite statue de la Sainte Vierge, puis un petit paquet ; il l’ouvrit et en tira deux jolis livres, les Évangiles et l’Imitation ; ensuite une petite boîte contenant une belle montre d’homme avec sa chaîne d’or.

Jean.

Encore ! Tu vois s’il nous aime ! Est-il possible qu’il y ait un homme meilleur que mon cher M. Abel ? Je ne le crois pas ; non, c’est impossible ! »

La malle était vidée. Simon se trouvait monté de tout pour des années ; jusqu’aux chaussures et aux affaires de toilette, rien n’avait été oublié.

Il commençait à se faire tard ; il était temps que Jean se rendît chez ses nouveaux maîtres. Les deux frères s’embrassèrent à plusieurs reprises ; Jean descendit l’escalier, la vue un peu troublée