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importait peu de qui venaient ces richesses, pourvu que leur fille en profitât. Ils se hâtèrent de descendre pour faire part à Aimée des générosités de M. Abel. Les yeux de Mme Amédée brillaient de bonheur.

Madame Amédée.

Avec un pareil protecteur, Aimée, tu n’auras pas besoin de t’inquiéter de l’avenir de tes enfants.

Aimée.

J’espère bien, maman, que Simon n’aura jamais besoin d’avoir recours à la générosité de son bienfaiteur après tout ce qu’il lui a donné.

Madame Amédée.

Je ne dis pas que tu demandes jamais rien à M. Abel ; je veux dire seulement que sa générosité prévoit tout et pense à tout. »

Aimée n’était pas contente de l’explication de sa mère ; mais elle ne dit rien. C’était sa mère !

Simon et Jean, restés seuls, s’embrassèrent tendrement et longuement ; tous deux avaient des larmes dans les yeux ; leur silence exprimait, mieux que des paroles, leur joie et leur reconnaissance.

« Rangeons tes effets, dit Jean après quelques instants de silence ; et puis je te quitterai pour aller aussi dans ma nouvelle demeure. Hélas ! mon bon et cher frère, c’est là le chagrin ; chacun chez soi : nous ne serons plus ensemble. Toujours, toujours séparés à l’avenir !

— Mais pas séparés de cœur, mon cher, cher Jean. Ces deux années que nous avons passées ensemble si étroitement unis, sont de beaux moments