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moi, nous allions à vêpres chacun à notre tour.

Barcuss.

Et faites-vous vos prières matin et soir ?

Jean.

Oh ! monsieur ! Comment les aurais-je manquées ! Simon et moi, nous les faisions toujours ensemble, côte à côte. Et puis Simon me bénissait au nom de maman, et je l’embrassais. C’était toujours le commencement et la fin de nos journées.

Barcuss.

Qui est Simon ?

Jean.

C’est mon frère aîné, monsieur ! Un bien bon frère ! Et M. Abel a été si bon pour lui ! C’est lui qui a arrangé son mariage, qui lui a fait une fortune.

Barcuss.

Vous aimez M. Abel ?

Jean.

Si je l’aime, monsieur ! »

Et les yeux de Jean étincelèrent.

Jean.

Je l’aime de toutes les forces de mon cœur ; je me ferais tuer pour lui ! Et le jour où je pourrai verser mon sang pour lui rendre service, sera le plus heureux de ma vie ! Si je l’aime ! Mais si vous saviez toutes ses bontés pour moi et pour Simon, si vous saviez tout ce qu’il a fait pour nous, vous ne me demanderiez pas si je l’aime. Et croiriez-vous, monsieur, que ce bon M. Abel a de l’amitié pour moi ? Oui, monsieur ; moi, pauvre garçon,