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accepté avec la résignation d’un bon petit chrétien. Sois bien tranquille ; repose-toi. »

Le petit Roger baisa un crucifix qu’il avait à son cou.

Roger.

Je suis bien fatigué, maman ; dites à Jean de revenir demain ; il me soignera un peu, cela vous reposera. Adieu, Jean ; prie le bon Dieu pour moi… Mon bon monsieur Abel, restez près de moi pour laisser maman se reposer. Vous resterez avec papa et vous causerez devant moi ; j’aime tant à vous entendre causer !

Abel.

Je resterai près de toi, mon enfant. Chère madame, voulez-vous présenter mon ami Jean à Barcuss, votre maître d’hôtel. Je le remets entre vos mains. Va, mon pauvre Jean ; Barcuss te mettra au courant de la besogne que tu auras à faire. À demain, au café, pour la dernière fois. »

Avant de sortir, Jean baisa la petite main décharnée du pauvre enfant qui l’avait si profondément impressionné et attendri. Roger lui sourit, mais il n’eut la force ni de parler ni de bouger.

Mme de Grignan l’emmena ; quand elle fut dans le salon, elle fondit en larmes ; Jean la regardait pleurer avec tristesse, mais sans oser parler.

« Mon pauvre Jean, tu entres dans une maison de douleur, dit Mme de Grignan.

Jean.

Oh ! madame, c’est une maison de bénédiction pour moi. »